Communiqué de presse – Assurance et post-croissance : préserver les conditions de l’assurabilité et contribuer au développement d’activités soutenables

La Fondation actionnaire SeaBird Impact et Prophil présentent, aujourd’hui à l’occasion d’une conférence organisée à la BNF François Mitterrand une étude inédite : « Assurance et Post-croissance : comment protéger à l’aune des limites planétaires ? », portée par la chaire de recherche MAPMONDES, mesurer autrement pour un monde durable et soutenable. Cette étude a été menée en partenariat avec Matmut, Maif, Groupama, Tikehau Capital et Axa Climate.

Tous les risques ne sont pas assurables. Certains peuvent cesser de l’être, notamment en fonction d’évolutions sociétales et environnementales. La couverture des risques naturels est d’ores et déjà fragilisée par les dérèglements climatiques. Comment l’assureur pourra-t-il alors participer au maintien des conditions de l’assurabilité tout en accompagnant la réduction des impacts environnementaux, source de risques futurs ? La post-croissance offre un cadre pour réaffirmer le rôle de protection, et réconcilier la couverture des risques présents avec la prévention des risques futurs.

Les enjeux sont à la hauteur des défis : préserver les conditions d’assurabilité et contribuer au développement d’activités plus soutenables à l’aune des dérèglements environnementaux.

En s’appuyant sur une revue de littérature, les initiatives et les réflexions d’acteurs de l’assurance et de chercheurs, l’étude « Assurance et Post-croissance : comment protéger à l’aune des limites planétaires ? » entend ainsi revisiter le rôle des assureurs dans le contexte d’une économie sous contraintes sociales et environnementales fortes.

La fondation actionnaire SeaBird Impact et Prophil ont voulu placer l’ensemble des réflexions à l’aune des neuf limites planétaires et des planchers sociaux (alimentation, santé, logement, eau, énergie, etc.) popularisés par la théorie du Donut de Kate Raworth. Celle-ci a pour objectif d’allier les enjeux de justice sociale aux enjeux environnementaux, pour orienter l’économie en faveur d’un développement durable et juste. Sur la base de ce référentiel, l’étude qualifie le rôle des assureurs autour de trois grands axes :

  • L’adaptation des activités humaines et des modèles assurantiels
  • L’atténuation des impacts sur l’environnement et des risques associés
  • La restauration des écosystèmes.

Comment et à quelle vitesse les assureurs peuvent-ils intégrer les enjeux de long terme dans leurs modèles d’affaires ? L’étude recense une série d’initiatives avec pour ambition de soutenir l’action des assureurs pour accompagner cette phase de transition. Développées à grande échelle, ces initiatives conduiraient à une évolution notable du rôle des assureurs.

Avec 2 748 Mds € d’actifs en 2022, les assureurs figurent parmi les premiers financeurs de l’économie française. Les flux de financements dont ils sont la source peuvent être de puissants moteurs de redirection. Au-delà de ces financements, les activités de souscription doivent aussi agir comme des mécanismes incitatifs pour prévenir et réduire les impacts environnementaux des activités assurées.

Parmi les axes de réflexion abordés, figure notamment la capacité des contrats d’assurance à devenir des outils de financement de l’adaptation. Le rôle historique de l’assurance, qui consiste à remettre en l’état initial, apparaît moins pertinent lorsque les actifs affectés par un sinistre se révèlent très vulnérables à l’intensification du même risque. Ainsi, en assurance multirisques habitation (MRH), la reconstruction se révèle un moment à la fois critique pour la continuité de l’usage d’un logement mais constitue aussi une opportunité pour renforcer la résilience du bâti. Des expérimentations pour améliorer cette résilience lors de la réparation commencent à voir le jour. Des évolutions réglementaires pourraient notamment permettre l’application du principe de « Build back better » ou « reconstruire mieux » lors de la reconstruction post-sinistre.

A l’image du BTP, l’agriculture est également un secteur aux forts impacts environnementaux, et elle figure en bonne place parmi les secteurs les plus vulnérables à l’augmentation des risques climatiques. Des modes de production alternatifs émergent, pour renforcer la résilience des cultures face au changement climatique par la restauration de la biodiversité. Les assureurs pourraient encourager la conversion de l’agriculture conventionnelle vers des pratiques plus durables (ex. agroécologie) en couvrant le « risque de conversion » pour l’agriculteur.

Les techniques de la transition, telles que l’électrification ou l’économie circulaire (réemploi, recyclage), se confrontent encore aujourd’hui à des problématiques assurantielles qui freinent parfois leur généralisation. Par une approche volontariste, les assureurs peuvent favoriser le développement de filières en les intégrant dans les processus d’indemnisation. La filière du réemploi de pièces automobiles, aujourd’hui bien structurée chez les assureurs, peut servir de modèle. D’autres filières sont en cours de structuration, à l’instar du réemploi dans l’indemnisation de sinistres MRH. Les assureurs ont là un rôle à jouer pour clarifier les exigences techniques, accélérer la standardisation des pratiques et ainsi contribuer à leur essor.

 Il nous semble que les acteurs de l’assurance, dans leur rôle d’investisseur et de protecteur des biens et des personnes, disposent de leviers puissants pour transformer les modèles existants et contribuer à l’émergence d’une société de post-croissance. Cette étude détaille un large éventail d’initiatives qui relèvent de l’adaptation, de l’atténuation et de la restauration, dans le but de soutenir l’action des assureurs dans cette transformation et d’accélérer les mutations. Car l’ampleur et la rapidité de la mobilisation seront déterminantes dans notre capacité à « réencastrer » les activités humaines dans la couronne du Donut et préserver nos « communs » ainsi que l’accès aux services essentiels : biodiversité, climat, cycle de l’eau, santé humaine, éducation, habitat, énergie, nourriture, etc.

D’un côté, les assureurs subissent les conséquences des dérèglements climatiques et testent les limites de l’assurabilité d’un certain nombre de risques naturels. De l’autre, l’assurance est au cœur du système économique. Elle accompagne les agents économiques, les particuliers, les entreprises, les collectivités. En ce sens, les assureurs jouent un rôle crucial dans les transformations qui doivent s’opérer. En accompagnant ces évolutions, l’assurance devient le système immunitaire de l’économie. Elle permet de garantir la mutualisation des risques, de pouvoir continuer à protéger les assurés et de contribuer à la résilience des activités économiques.

Les partenaires économiques

MAIF – Hélène N’Diaye, Directrice Générale Adjointe

Groupe Matmut – Emmanuel Petit, Directeur des Actions Sociétales

Axa Climate – François Lanavère, Head of strategic partnership

Groupama Forêts – Guillaume Bouffard, Directeur Général Groupama Forêts Assurances et François Coste, Directeur Durabilité Groupe

Tikehau Capital – Thomas Friedberger, Directeur Général

Les partenaires académiques

Véronique Blum – Maître de conférences HDR à l’Université Grenoble Alpes, membre du panel académique de l’EFRAG et Directrice Scientifique de la Chaire MAPMONDES

Louis Dupuy – Docteur en sciences économiques et chercheur au sein de l’APESA

(*) Il s’agit des neuf limites écologiques définies par le Stockholm Resilience Center : le changement climatique ; l’érosion de la biodiversité ; la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore ; le changement d’usage des sols ; le cycle de l’eau douce ; l’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère ; l’acidification des océans ; l’appauvrissement de la couche d’ozone ; l’augmentation de la présence d’aérosols dans l’atmosphère.

À propos de SeaBird Impact

SeaBird Impact est la fondation actionnaire de SeaBird, société à mission et partenaire conseil auprès des acteurs du secteur financier. Créée en 2019, SeaBird Impact agit pour une finance plus inclusive et durable au travers de trois axes d’action complémentaires : développer et mesurer les externalités positives du secteur financier, promouvoir l’inclusion sociale de talents et soutenir l’entrepreneuriat à impact dans le secteur financier.

seabirdimpact.com 

À propos de Prophil

Prophil est une entreprise à mission, de recherche et de conseil en stratégie, dédiée à la contribution des entreprises au bien commun. S’attachant à imaginer l’entreprise utile de demain, Prophil articule un pôle recherche, qui défriche et forge de nouveaux modèles de propriété, d’affaires, de gouvernance et d’évaluation alternatifs, avec un pôle conseil en stratégie, dédié à la conception et au déploiement, auprès d’entrepreneurs, de stratégies contributives au bien commun. Prophil a ainsi fait émerger en France les modèles de fondation actionnaire, d’entreprise à mission ainsi que le concept de ‘Post-croissance’ à hauteur d’entreprise.

prophil.eu

À propos de la chaire de recherche MAPMONDES

La chaire de recherche MAPMONDES ((Secteur financier : Mesurer Autrement Pour un MOnde Durable Et Soutenable), mène des travaux de recherche pour accompagner les acteurs du secteur financier dans leur adaptation à la transition écologique et aux réglementations de durabilité. Placée sous l’égide de la Fondation du Risque, MAPMONDES réunit des partenaires académiques : la chaire Double Matérialité (Fondation du risque et ILB) et le Centre de Résilience de Stockholm et des premiers partenaires économiques : la Maif et la fondation actionnaire SeaBird Impact, partenaire fondateur également.

mapmondes.org

Contacts Presse :

SeaBird Impact – Caroline Lechantre